Publié le :
24/08/2017 17:34:04
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He is back ! Walide Khyar, 22 ans, champion d’Europe en 2016 pour sa 1ère participation, va disputer ses… 1ers Championnats du monde à Budapest (28 août – 3 septembre). Le Français, qui revient de 4 mois de blessure, peut-il créer l’exploit ? Lui, comme à l’accoutumée, n’en doute pas. Il est chaud comme la braise…
Par Ludovic Mauchien
Souvenez-vous en 2016. Un OVNI commence l’année au-delà de la 50e place mondiale et, à la FF Judo, il est vu comme le n°3 des super-légers (-60 kg). Il émerge tout juste des Juniors, où il a été sacré champion d’Europe et pris une médaille de bronze mondiale quelques mois auparavant.
En février, au Grand Slam de Paris, il frappe une 1ère fois. A 20 ans, Walide Khyar prend la 3e place du prestigieux tournoi et affiche ses belles ambitions : « remporter la médaille d’or aux JO ». Le pari est insensé, le propos est osé...
En mai, pour ses 1ers championnats internationaux Seniors, il devient champion d’Europe ! Dans la foulée, il finit 5e du Masters de Guadalajara, ce qui lui permet d’intégrer le Top 22 mondial. Il est qualifié pour les JO ! Walide Khyar a gagné la 1ère partie de son pari. Il sera à Rio pour défendre les couleurs de la France.
Mais la Carioca Arena ne va pas lui sourire. Alors qu’il mène et qu’il est dominateur en 16e de finale, face au Brésilien Kitadai, il lui prend l’idée d’attaquer. Il se fait contrer ! La belle histoire s’arrête en queue de poisson. Ce qui a fait sa force, sa fougue et sa jeunesse, s’est retourné contre lui à Rio.
L’âme en peine, le moral en berne, Walide Khyar doit digérer. Ca prend du temps. Il enchaîne les contre-performances. Il perd au 1er tour du Grand Slam de Tokyo, puis à la World Cup de Lisbonne. A Paris, il subit aussi. Il quitte Bercy au 2e tour, défait par le Coréen Kim. Le 24 février, à Düsseldorf, il doit abandonner face au futur vainqueur, le Britannique MacKenzie. Blessé à la cheville, opéré dans la foulée, 4 mois d’arrêt. Il revient début juillet.
Fin août à Budapest, Le membre de la Team Adidas va disputer ses 1ers Championnats du monde Seniors, toujours aussi exalté mais le Judoka a évolué. A 22 ans (depuis le 9 juin), il a déjà engrangé beaucoup d’expérience. A lui de jouer ! Et il sait faire…
Tu as vécu une année 2016 extraordinaire jusqu’aux Jeux de Rio. 2017 n’est pas partie pas sur les mêmes bases. Comment te sens-tu psychologiquement ?
C’est un autre mode de fonctionnement. Le staff a changé, de nouvelles choses se sont mises en place. Tout s’est bousculé... Cela allait un peu trop vite, pour tout le monde, je pense. Des nouveaux entraîneurs, un fonctionnement différent de celui que je connaissais l’an dernier... J’ai eu un petit moment d’adaptation et, malheureusement, je me suis blessé. Beaucoup de choses ont changé depuis 2016.
Comment abordes-tu les championnats du monde ?
Sans aucune pression, avec énormément d’envie et de détermination. J’y vais avec vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup d’envie, parce que je bouillais pendant ma blessure. Je me mordais les doigts pendant que les autres faisaient des médailles. Et moi, j’étais derrière mon écran ! Je me tapais la tête contre les murs. C’était vraiment dur ! Je voyais les autres progresser et moi, j’étais en stand-by. Je n’ai pas l’habitude. C’est la 2e fois de ma vie que je me blesse, où j’ai un temps d’arrêt aussi long. C’est bizarre.
Mais j’ai eu un soutien très important de mon club. Baptiste Leroy, mon entraîneur, et Stéphane Gomis, mon président m’ont beaucoup soutenu, tout comme Christophe Gagliano (entraîneur national, cadre de la FF Judo). Et heureusement d’ailleurs.
Quelles sont tes ambitions pour ce qui vont être tes 1ers Championnats du monde ?
Eh Oui, j’ai fait les Jeux Olympiques avant d’avoir participé à des championnats du monde Senior (il rit). Mes ambitions ? Comme d’habitude, cela ne change pas (il rit) : la médaille d’or. J’ai l’impression de vouloir encore plus la médaille d’or qu’aux Jeux. L’an dernier, j’ai connu une grosse, grosse déception, qui est encore une énorme déception aujourd’hui. Mais ce championnat du monde pourrait « effacer l’ardoise », remettre les pendules à l’heure. C’est un gros objectif. J’espère vraiment l’atteindre.
Ton expérience malheureuse aux Jeux Olympiques de Rio te sert-elle ?
J’ai appris énormément de choses de ces JO. Je pense que, l’an dernier, involontairement, je me suis mis de la pression. J’ai appris et j’ai pris une bonne leçon. C’est carrément une leçon de vie ! Pour ma vie de tous les jours.
Souvent, quand je suis sur le tapis, je pense aux Jeux, à ces dernières secondes, au dernier combat. Rien n’est acquis, il ne faut jamais rien lâcher. C’est vraiment cela que j’ai appris aux Jeux Olympiques. Je le savais déjà mais je ne l’avais pas encore vraiment réalisé.
Cela a-t-il fait évoluer ton Judo ?
Oui, surtout dans la gestion de match. Avant, j’étais vraiment fou, fou. J’arrivais dans la cour des grands et je faisais tout et n’importe quoi. Cela marchait, cela ne marchait pas... Mais ça a marché (il rit). Maintenant, j’essaie de mieux gérer les matches, d’être plus patient et de faire tomber, de ne pas rechercher les pénalités ou quoi que ce soit.
Qu’as-tu ressenti la 1ère fois que tu as remis les pieds sur un tatami ? Etait-ce comme une nouvelle naissance, une libération… ?
Quand on m’a informé que je pouvais reprendre le Judo, j’ai pensé que cela allait me faire bizarre. En fait, quand j’ai rangé mon Kim’ dans le sac, j’avais l’impression de l’avoir fait la veille ! J’ai aussi eu l’impression d’avoir fait un entraînement la veille ! J’ai tellement fait de Judo (il rit). Même si on s’arrête longtemps, quand on reprend, on n’a pas l’impression d’avoir arrêté. C’est vraiment bizarre comme sensation. C’est comme si de rien n’était. Désormais, je me suis bien remis de ma blessure et je pense à autre chose.
A quel niveau es-tu physiquement ?
Physiquement, je n’ai pas perdu. J’ai travaillé autre chose que le Judo pendant ma blessure. Je ne me suis pas tourné les pouces (il sourit). Et j’étais vraiment bien aidé. J’avais un soutien très important, même au niveau de la nutrition. A l’INSEP, j’étais suivi par une diététicienne pour ne pas prendre trop de poids, ce que l’on a tendance à faire quand on se blesse. Cela m’a beaucoup aidé. Je n’ai pas pris beaucoup.
Avec qui t’entraînes-tu principalement ?
Bonne question. Je n’ai pas réellement de référent. Pendant ma blessure, j’ai été suivi par mon entraîneur de club, Baptiste Leroy, ainsi que Franck Chambilly. Mais Franck s’occupe surtout de Teddy (Riner) et de Cyrille (Maret). C’est un peu compliqué. Et, maintenant, il est à la tête de l’équipe de France. Il ne peut pas gérer tous les problèmes. Christophe Gagliano, qui était mon entraîneur chez les Juniors, est toujours derrière moi, et il me suit très bien.