MMA/Samedi en Tchétchénie. Xavier Foupa-Pokam : « Je recherche toujours le KO »

Publié le : 10/06/2016 12:16:45
Catégories : Actualités , MMA

MMA/Samedi en Tchétchénie. Xavier Foupa-Pokam : « Je recherche toujours le KO »

Il aime les challenges… Cela tombe bien ! Combattre un Tchétchène ou un Russe à Grozny en est un magnifique. Pour être certain de gagner, mieux vaut chercher le KO. Cela tombe bien aussi ! Le Français Xavier Foupa-Pokam adore cet exercice (32 victoires, 27 avant la limite).

Nous l’avons joint en Tchétchénie 3 jours avant son combat contre le Russe Alexey Efremov (16-5) en ½ finale de l’Akhmat Grand-Prix. L’UFC, sa préparation, ses motivations, ses rituels, son adrénaline… « Professor X » se dévoile.

Par Ludovic Mauchien

 

L’heure de la punition a de nouveau sonné. L’expression fétiche de Xavier Foupa-Pokam va encore résonner. Cette fois-ci, ce sera à Grozny, en Tchétchénie, à l’occasion du « World Fighting Championship Akhmat Grand-Prix » (WFCA), le samedi 11 juin.

Le Français, après une escapade remarquable au Sanda pour sortir de sa « zone de confort » (champion de France 2015, 3e aux Mondiaux en novembre), va disputer le 54e combat de sa carrière contre le Russe Alexey Efremov (29 ans, 16 victoires dont 12 KO et 3 soumissions, 5 défaites).

En jeu ? Une place en finale du tournoi. L’enjeu ? Un retour à l’UFC. A 33 ans (34 en juillet), Xavier Foupa-Pokam (32 victoires dont 18 KO et 9 soumissions, 21 défaites) est en quelque sorte à la croisée des chemins. En 2009, lors de sa 1ère expérience dans l’Octogone (2 défaites), il était trop inexpérimenté. Aujourd’hui, il est mûr. Il a l’âge idéal pour briller. L’heure sonne. Après, il sera peut-être trop tard.

Pour retrouver les « highlights » de l’UFC, la défaite n’est guère permise. Chaque combat est un pari, un tournant, un examen… Il pourrait choisir des joutes aisées. Il préfère les challenges osés, les adversaires relevés, les combats risqués.

En ¼ de finale du Grand-Prix, en décembre dernier, il a réussi son pari. Il a mis KO la star locale Viktor Korneev au 3e round. Alexey Efremov, de son côté, a gagné par TKO au 1er round contre le Brésilien Sergio Souza. Cette ½ finale sent le souffre…

 

Quels sont les enjeux de ce combat ?

Je participe à un tournoi, l’Akhmat Grand-Prix, qui rassemble des combattants de très haut niveau. La plupart sont des vétérans de l’UFC ou du Bellator. L’enjeu est d’accéder à la finale pour ensuite remporter le tournoi.

 

« L’UFC… J’y travaille »

 

Est-ce une étape ?

Je crois qu’il y a un sous-entendu dans ta question… (il rit). Beaucoup de gens n’ont qu’un mot à la bouche : UFC, UFC, UFC. En ce qui me concerne, il s’agit forcément d’un objectif à moyen, voire à court terme. On y travaille. On prend le temps de faire les choses correctement.

J’ai déjà combattu à l’UFC par le passé (en 2009). L’idée, désormais, une fois que j’aurais de nouveau intégré l’UFC, est d’être légitime, d’être reconnu comme une valeur sûre. Il faut donc faire les choses dans l’ordre : continuer à embellir mon palmarès face à des adversaires de qualité, à accumuler de l’expérience pour ne pas reproduire les erreurs du passé.

 

Comment t’es-tu préparé pour ce combat ?

Généralement, on programme ma préparation sur 5 semaines. Je travaille en collaboration avec Karim Falah, qui établit mon programme de préparation physique en ce qui concerne l’endurance, le cardio, la résistance musculaire, la vitesse...

Avec Cyrille (Diabaté, son entraîneur), on travaille l’aspect purement combat, sur les plans technique et tactique. On établit une stratégie selon le profil de mon adversaire que l’on étudie en visionnant ses précédents combats.

Pour simplifier, au début de la prépa, on va faire beaucoup de foncier de manière à établir une forme de base. Une fois l’endurance acquise, on travaille plus spécifiquement sur le combat, dont la durée est assez longue. L’idée est de pouvoir accélérer plusieurs fois tout en restant lucide.

 

« Tous les sportifs ont leur rituel »

 

Quel est ton programme les 3 jours précédant un combat ?

J’essaie de les garder pour me détendre, me reposer et être prêt pour la compétition. Généralement, il y a aussi le travail de promotion : photos, interviews télé, Internet et presse écrite. Il y a aussi les tests médicaux pour être certains que l’on soit apte à combattre. Il y a ensuite la pesée, qui entraîne aussi une préparation.

 

As-tu des habitudes particulières le jour J ?

Tous les sportifs ont leur petit rituel, même ceux qui ne veulent pas le dire. Moi, en l’occurrence, le jour du combat, je coupe toutes les communications, en dehors de mon entraîneur et du staff, de manière à ce que je plonge complètement dans ce que j’ai à faire. Tout est éteint. Même ma famille ne peut pas me joindre.

Ensuite, de manière plus anecdotique, plus rituel, je retire la chaîne que je porte autour du cou au tout dernier moment, quand je rentre dans les vestiaires.

 

« Le stress a son utilité »

 

Et pendant la journée, fais-tu comme à l’accoutumée ? 

Je mange normalement. Je prends un petit-déjeuner et un déjeuner. J’emporte avec moi de quoi me restaurer dans le vestiaire puisque je combats généralement tard le soir. Et il faut dîner.

Je me repose toute la journée. Je fais une sieste. Personnellement, je déteste dormir dans le vestiaire. J’ai toujours eu peur que mon corps soit mal réveillé, que je sois un peu mou, un peu lent. C’est déjà arrivé. Désormais, pour éviter cela, je ne dors plus dans le vestiaire. 1h30 avant l’heure annoncée du combat, j’effectue un réveil musculaire, un échauffement progressif.

 

Quand l’adrénaline commence-t-elle à monter ? Au réveil de la sieste, quand tu pénètres le vestiaire, quand tu rentres dans la Cage...

En ce qui me concerne, je ne suis pas stressé du tout la semaine qui précède le combat. C’est aussi dû à l’expérience, je pense. Après la pesée, qui se déroule moins de 24 h avant le combat, j’ai un regain de vitalité. Cela correspond au moment où, après avoir coupé tous les sucres, on en reprend. C’est comme un petit shoot (il rit).

Le stress qui, pour moi, a son utilité, commence lorsque je rentre dans le vestiaire. Le « bon » stress va permettre d’emmagasiner une forme d’énergie que tu vas devoir relâcher ensuite.

J’ai quand même besoin d’être sous tension pour combattre parce que j’ai un style très agressif. Et je suis efficace seulement quand je suis agressif. Je ne peux donc pas me permettre d’être mou et nonchalant à l’approche du combat.

 

« La défaite : une erreur de ma part »

 

Quel est ton principal adversaire, toi-même ou le combattant en face ?

On dit souvent que c’est soi-même. En règle générale, la plupart des combats que j’ai pu perdre, je m’en suis voulu. Car la défaite est arrivée d’une erreur de ma part. Donc, mon principal adversaire est probablement moi-même, même si je vais faire en sorte de tout mettre en œuvre pour gagner.

 

Quelle est ta relation avec Cyrille Diabaté ? Quel rôle joue-t-il auprès de toi ?

Cyrille est mon entraîneur. Mais il est forcément plus que ça depuis le temps que l’on se connaît, que l’on se côtoie, qu’on partage énormément de choses ensemble (ils se sont rencontrés en 2000). Il est devenu un grand frère dans le sens où il me guide aussi pour beaucoup de choses dans ma vie personnelle par des conseils. Il ne me donne pas d’ordre non plus, je suis un adulte (il rit). Par son expérience, il arrive souvent qu’il m’oriente.

Et, en ce qui concerne le combat, nous n’avons pas seulement une relation d’entraîneur à élève. A ce niveau, les enjeux sont importants et nombreux. Il n’y a pas que le palmarès, la notoriété, l’argent, la gloire… Il y a aussi la santé par exemple, ce qui est très important. Cyrille fait très attention à nous. Il aurait tendance à privilégier notre santé sur les enjeux économiques. Tout cela fait que j’ai l’habitude de lui faire confiance parce que je sais qu’il est plein de bonnes intentions vis-à-vis de moi.

 

« J’aime le défi »

 

Qu’est-ce qui te fait avancer ? Ou, plutôt, je serais tenté de te dire : « qu’est-ce qui te fait encore avancer », car tu n’as plus 20 ans… ?

(Il rit) Mon corps n’a plus 20 ans mais ma tête oui… Qu’est-ce qui me fait avancer ? J’aime la compétition ! Je suis un combattant, je suis un compétiteur. Je fais de la compèt’ depuis mes 12 ans. Cela a toujours rythmé ma vie.

J’aime le défi, j’aime l’idée de me dire que je vais travailler pour un objectif, que mes progrès passent par un événement concret. C’est important. C’est même le plus important des enjeux.

 

Quand tu rentres dans la Cage, recherches-tu toujours le KO ?

En fait, oui, je recherche toujours le KO. On dit que je suis un finisseur. J’ai un style qui ne laisse pas de place aux combats qui vont à la décision. De manière générale, Cyrille m’a expliqué de ne jamais attendre la décision de l’arbitre. L’attendre, même quand on a dominé le combat de A à Z, c’est toujours remettre une partie de son destin dans les mains de quelqu’un d’autre, à savoir l’arbitre.

En plus, il y a des pays… (Il baisse la voix) Ici par exemple - je ne vais pas le dire trop fort (il rit) - dans lesquels on pense que les juges-arbitres nous seront défavorables, quoiqu’il arrive. On a vu des vols manifestes en Tchétchénie. Et tu ne peux rien faire contre ça. Pour l’éviter, j’ai pris l’habitude de vouloir terminer mes combats avant la limite.

 

« Grozny… Un public de connaisseurs »

 

As-tu encore l’habitude de dire « c’est l’heure de la punition » ?

Je le dis toujours (il rit). C’est une devise que je m’étais donné en rigolant. Je voulais terminer mes combats avant la limite, et par ce que l’on appelait à l’époque une punition : une domination et une victoire totales, sans aucun partage, agressive, violente.

 

Sinon, Grozny, ça doit être sympa ?

En tant que combattant, oui, comme toute l’Europe de l’Est. De manière générale, c’est sympa. On aime beaucoup les combattants. On nous considère comme des vrais sportifs, on nous montre du respect et de la considération. On a à faire à un public de connaisseurs. Ils ne viennent pas dans l’optique de regarder un spectacle comme un autre. Eux, ils savent ce qu’il se passe. Sinon, d’un point de vue purement touristique… (Il rit), j’ai vu beaucoup mieux !

 

  

Xavier Foupa-Pokam

Né le 3 juillet 1982 à Paris (33 ans)

Taille : 1,86 m

Catégorie : -84 kg

Poids : 91 kg

Club : Snake Team

Entraîneur : Cyrille Diabaté

Palmarès

MMA

2013 : champion de la Super Fight League (SFL)

2008 : vainqueur du WAFC (Russie)

2003 : champion d’Europe XFC

PANCRACE

Champion du 100% Fight

KUNG-FU SANDA

2015 : 3e des Championnats du monde (IWUF). Champion de France

 

 

Partager ce contenu

PayPal