Karaté / Championnats d’Europe : Combat par équipe

Publié le : 09/05/2016 11:27:01
Catégories : Actualités , Karate

Karaté / Championnats d’Europe : Combat par équipe

La France, quelle revanche !

 

Ils en rêvaient. Ils l’ont fait ! En finale, les Français ont dominé les Turcs pour devenir champions d’Europe dimanche à l’Arena de Montpellier. Les protégés de Ludovic Cacheux ont dû s’arracher pour prendre leur revanche en gagnant à l’ultime combat. Ils nous expliquent chacun leur rôle, du n°1 au n°5 et nous font vivre leur finale de l’intérieur. 

Par Ludovic Mauchien à Montpellier

 

Etre sacrés champions d’Europe sans battre la Turquie en finale n’aurait pas eu la même saveur pour les Français. Battus à Istanbul l’an dernier d’un tout petit point dans une ambiance hostile et avec un arbitrage douteux, ils voulaient leur revanche. Ils ont cravaché pour depuis un an. Ils ont réussi leur pari de fort belle manière et sans l’aide d’un arbitrage maison.

Lonni Boulesnane, Marvin Garin, Jessie, Logan et Steven Da Costa, Corentin Séguy et Kenji Grillon sont champions d’Europe ! Ils racontent leur finale.

 

Kenji Grillon

1er combattant, opposé à Aktas. Le capitaine doit gagner.

« Ma mission était de gagner pour lancer l’équipe, même par 1-0. Je suis capitaine. J’ai mes responsabilités. C’est ce que j’ai fait (6-3). Je suis content. Et, derrière, ils ont super bien assuré. C’était important de gagner ce 1er combat pour la suite des choses. On sait que les Turcs ont du mal à venir attaquer quand ils sont menés au score. Ils savent mieux gérer les scores. Mais, voilà, tout le monde a bien géré et on est champions d’Europe à la maison. C’est super !

Je n’ai pas du tout douté pendant la finale, même s’il me met une jambe (1-3). Je savais que j’avais le temps de revenir point par point. J’ai l’expérience de ces combats-là. Donc cela m’a servi. Je savais qu’on comptait vraiment sur moi pour arracher ce point. Je me suis concentré. C’était notre dernier combat. Il fallait tout donner. C’est ce que l’on a fait.

Ca fait super plaisir d’être champion d’Europe, surtout après ma petite déception en individuel. Plusieurs d’entre nous pouvaient doubler. Steven double. Logan ramène 2 médailles. Ce sont des choses superbes à vivre. Avec cette victoire, ma déception des indiv’ est atténuée. On a trimé ensemble pour ça. C’est super ! ».

 

Jessie Da Costa

2e combattant, opposé à Eltemur. La France mène 1-0.

« Disputer une finale représente toujours une émotion. Etre en 2 n’est pas le poste le plus dur. On se dit toujours que celui qui suit peut gérer le score. Et, derrière moi, j’avais mes 2 frères. Je voulais gagner bien évidemment. Malheureusement, cela n’a pas été le cas (6-10). Je menais. J’ai pris une canne (4-3 à 4-6 sur un Mawashi). La tactique était bonne. C’est dommage. Après, j’avais confiance en mes coéquipiers. Je savais qu’ils allaient gérer.

Quand j’ai vu le tirage, je n’ai pas eu peur. Je savais qu’on allait passer. On est tous potes. On est tous soudés. On tape tous des barres. On est toujours en train de rigoler. Hier soir encore, pendant 1 heure, on a ri aux larmes sur tout et n’importe quoi. On est une bonne bande d’amis, il y a une belle la solidarité. Cela fait plaisir. Même le remplaçant, Lou Lebrun, qui est le n°8, est avec nous. Il n’a pas tiré mais c’est comme s’il était avec nous. Il est avec nous ! Je réaliserai dans 2-3 jours. On en sait jamais ce qui peut arriver mais je pense qu’on va vivre une belle aventure ensemble ».

 

Steven Da Costa

3e combattant, opposé à Erkan. France – Turquie : 1-1 (12-13 aux points)

« Ca fait quoi de se retrouver face à Erkan (double champion du monde des +84 kg, Steven est en -67 kg) ? Quand j’ai su que l’on prenait la Turquie en finale, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai senti que j’allais le prendre. Normalement, il est tout le temps en N°1 et devait affronter Kenji. Mais j’ai rêvé que je prenais Erkan. Et j’ai rêvé que je ne perdais pas.

C’est ce que j’ai fait. J’ai été chercher le match nul. Si je le mettais en difficulté, cela relançait l’équipe. C’est leur meilleur combattant. Il a un gros palmarès. Si j’y parvenais, on faisait un grand pas vers la victoire. Je n’ai pas pris de risques. Je ne me suis pas jeté. Je gère le match nul. Même lui n’a pas osé trop venir. Il a tenté mais pas tant que ça. Avec ce 0-0, cela relançait l’équipe et, derrière, ils ont fait le boulot.

Je n’ai pas douté. U fond de moi, j’avais envie de le prendre. C’était beau. Je suis le plus léger. Il est le plus lourd. C’est clair que je n’avais pas envie de perdre devant le public français. J’ai fait le travail. »

 

Logan Da Costa

4e combattant, opposé à Gunduz. France – Turquie : 1-1 (12-13 aux points)

« J’ai eu peur, oui. Mais je n’ai douté à aucun moment. On a confiance les uns en les autres. On savait de quoi on était capable. On s’entraîne depuis un an ensemble. Il fallait qu’on batte les Turcs. C’était l’équipe qu’on voulait prendre. On leur a montré qui était les patrons. On a gagné tous nos combats à la loyale. Chacun a géré.

Il me met un Mawashi au corps qui m’a énervé (1-2). On est au corps à corps. Il m’accroche. Il me dit : « ok, ok », donc on relâche. Et là, il m’accroche à nouveau et il envoie le Mawashi en me tenant. Ca ne se fait pas ! On va la jouer comme ça, alors.

C’est pour cette raison, qu’ensuite, je suis un peu « mauvais » pendant une minute. C’est pour ça, qu’en sortie de corps à corps, il prenait des grand Gyaku dans le visage, je lui ai fait mal et c’était le but. Ludo me disait de me calmer. Je redescends et je… remonte au score (3-2, score final).

Bercy, c’était vraiment autre chose car c’était le 1er titre de ma carrière. C’était ouf ! Celui-ci, je l’ai savouré avec mes frères. C’est encore un autre truc. Mais je pense que jamais rien n’égalera Bercy malgré tout. Le travail paie. On bosse ensemble. On meurt ensemble et on gagne ensemble. On a fait le taf. Là, je pense que je vais aller faire une bonne sieste car, quand l’adrénaline va retomber, cela va être chaud (il rit). »

 

Marvin Garin

5e combattant, opposé à Kaptan. La France mène 2-1. Le match est décisif.

« J’ai été stressé au début. J’ai pris les 1ers points (0-2). Je me suis ensuite dit qu’il fallait que je me lâche. Si je suis un Jaguar sur un tatami, il faut que je me lâche. Je reviens à 3-3. Je prends une jambe (un Ura Mawashi, 5-6)… Je suis passé par plusieurs phases d’émotion. Quand j’ai vu qu’il restait 30 secondes, je me suis dit qu’il ne fallait plus que je prenne de points. J’ai voulu gérer comme je sais faire. Ludo (Cacheux, son coach) me disait de ne pas m’enflammer, de ne pas stresser, que j’avais le combat en main, de repartir vers l’avant quand je perdais, d’utiliser mes qualités.

Je ne m’attendais pas à un tel scénario. Nous, on voulait leur mettre une vague française et finir en 3 combats. J’ai l’habitude d’être en 5 dans mon club. Là, j’avais la pression parce que c’était devant le public français. Ils m’ont porté !

Cela fait plaisir d’être champion d’Europe. C’est magnifique. En plus, chez nous ! On a bossé pendant 8 mois. Cela fait 10 jours que l’on est ensemble. On a su faire le boulot. On termine 1ère nation. C’est le plus important.

On avait un gros sentiment de revanche. L’an passé, on a perdu d’un seul point. On était dégoûtés, écoeurés. Là, on gagne, c’est magnifique ! C’est ce qu’on voulait. On bosse pour ça depuis un an. On a réussi. Ludo est content. Le staff aussi. C’est le principal. »

 

 

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