Publié le :
15/02/2018 19:18:25
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Deux Ippons et une troisième place au Grand Slam de Paris (10-11 février). Marie-Eve Gahié est « très contente » de sa médaille de bronze, son premier podium dans la Capitale. Troisième des derniers Championnats d’Europe, la jeune Parisienne (21 ans) nous fait partager les émotions qu’elle a vécue tout au long de la journée.
Par Ludovic Mauchien
De son entrée en lice, souvent délicate, à son Ippon décompté par le public pour la troisième place, en passant par sa défaite en ½ finale où elle s’est « arbitrée », Marie-Eve Gahié est passée par toutes les émotions…
8e de finale contre l’Allemande Butkereit, 3e à Abu Dhabi en 2017
Victoire par Waza ari
« Le premier combat est toujours l’un des plus difficiles. Je suis très stressée mais, en même temps, je suis aussi un peu rassurée car mes entraîneurs m’ont rappelé que je l’avais rencontrée à Düsseldorf l’an dernier et m’ont expliqué comment je l’avais battue. Du coup, j’avais un schéma en tête.
Mais cela reste très stressant car c’est le premier de la journée. J’ai mis du temps à rentrer dans ce combat. Je savais qu’il fallait que je reste bien concentrée les premières minutes. Je l’ai fait tomber, j’ai marqué (à mi-combat sur un contre), je menais puis je me suis perdue. J’ai paniqué parce que je n’ai pas pu gagner tout de suite, par Ippon. Je me suis retrouvée à la fin.
¼ de finale contre la Marocaine Niang, triple championne d’Afrique
Victoire par Ippon en 52 secondes (Uchi Mata)
« J’étais mieux dans ma tête parce que… Le premier combat était passé (elle rit). Je savais que la fin de premier match n’était pas top. Du coup, je me suis dit : « là, c’est bon, tu avances, tu restes concentrée, tu ne panique pas ». La tactique était de rester bien concentrée et d’être la première sur les mains. Je savais qu’Asmaa a plus de répondant que l’Allemande à ce niveau ».
½ finale contre la Britannique Conway, 3e des JO de Rio et future lauréate
Défaite par Ippon au bout de 2’16’’ (Hon Gesa Gatame)
« Dans ma tête, je commençais un peu à fatiguer mais je me suis dit qu’il ne fallait surtout pas que je m’écoute. Sally est très rigoureuse en Ne Waza. Quand on arrive au sol, quelques secondes s’écoulent. Je pensais que l’arbitre allait dire Matte vu qu’il ne se passait rien. Et il fait Osae Komi. C’était trop tard ! Je me suis arbitrée. Je n’ai pas vraiment défendu. J’aurais dû m’échapper ou me mettre en position défensive mais ce n’est pas ce que j’ai fait. Voilà… C’est pour moi.
Sur le coup, je suis inconsolable. Je ne pense pas à la place de trois. C’est une grosse déception. Je suis restée longtemps en mode « je ne vais pas gagner aujourd’hui (lire dimanche 11 février) ». Je sais que ce n’est pas fini mais cela fait toujours mal de savoir que l’on ne va pas pouvoir gagner. Heureusement qu’il y a eu la pause et que j’ai pu dormir.
Pour me remobiliser, il faut me laisser aller pleurer dans mon coin. Je pleure bien, j’évacue, je me dis que ce n’est pas fini et ce que je n’ai pas pu faire, je vais le faire. Vu que j’ai la rage de ne pas pouvoir gagner, j’ai la rage d’aller chercher cette médaille de bronze ».
3e place contre la Néerlandaise Van Dijke, championne d’Europe 2017
Victoire par Ippon en 1’19’’ (O Uchi Gari Ken Ken enchaîné par Hon Gesa Gatame)
« Elle m’a battue deux fois en 2017 quand même (Ndlr : notamment en ½ finale des Championnats d’Europe). Dans ma tête, je me dis « Houla !!! ». Mais je veux ma médaille, je veux gagner ce combat. On est à la maison. Je me dis : « oublier tes deux défaites contre elle. Enlève tes appréhensions. Aujourd’hui, tu peux l’avoir ».
La dernière fois où l’on s’est rencontrée, j’étais à deux doigts de la battre. Je n’ai pas changé de tactique. Il fallait beaucoup de patience et de concentration. J’avais aussi peut-être un peu plus d’envie parce que c’était à la maison, à Paris.
J’enclenche l’action parce que… Je ne sais pas… C’est parti instinctivement. Je le fais généralement sur les gauchères. Elle est droitière et elle s’est présentée en gauchère décalée. Je devais rester sur le schéma de droitière mais j’ai tenté et c’est passé. Ce n’était pas du tout prévu.
J’ai regardé le Ippon depuis. Cela fait du bien (elle rit). Cela me fait trop plaisir de le revoir ! Battre cette fille de cette manière, à la maison, avec ce public, cela représente beaucoup. Je n’osais pas relever la tête pour regarder le chrono. J’entendais juste le public qui faisait le décompte (elle rit). Je suis vraiment très contente de cette première médaille de bronze à Paris ».