Judo : Elle va à Rio… Gévrise Emane « Etre en accord avec moi-même »

Publié le : 25/07/2016 12:12:07
Catégories : Actualités , judo

Judo : Elle va à Rio…  Gévrise Emane « Etre en accord avec moi-même »

Il ne lui en manque qu’une ! La plus lumineuse, la plus vertueuse, la plus somptueuse : la médaille d’or olympique. La triple championne du monde et quintuple championne d’Europe sait pour quelles raisons elle se lève le matin…

A 34 ans (le 27 juillet), Gévrise Emane va de nouveau s’attaquer à son Graal à Rio. Non sélectionnée en 2004, éliminée au 1er tour en 2008, battue en ¼ de finale en 2012, les Jeux Olympiques et Gévrise Emane, c’est « je t’aime, moi non plus ». Mais l’histoire est encore inachevée. La championne du Monde et d’Europe en titre compte bien écrire l’épilogue en lettres d’or aux JO.

 

Par Ludovic Mauchien

 

« Une lionne ne meurt jamais, elle dort », s’amusait-elle à lancer fin 2014, quand elle commençait à re-pointer le bout de son nez après 3 années galères. Sachez-le, Gévrise Emane se réveille à l’approche des Jeux. On la croit perdue pour le haut niveau ? Que nenni. Elle se repose. Elle gère. Elle se préserve…

Depuis 2007, à un an des Jeux Olympiques, elle a pris l’habitude de remporter les Championnats du monde. Depuis 2008, au printemps qui les précède, elle enfonce le clou en gagnant les Championnats d’Europe.

Ainsi, comme pour les JO à Pékin et les Jeux de Londres, c’est en tant que championne du monde et championne d’Europe en titre que Gévrise Emane va se lancer dans le tournoi olympique. Logiquement, elle compte parmi les favorites. Elle serait même la favorite.

Ce statut lui a porté préjudice en 2008, éliminée dès le 1er tour par l’Espagnole Iglesias (Shido). Elle avait mis un an et demi à s’en remettre… En 2012, à Londres, elle perd en ¼ de finale contre la Mongole Tsedevsuren. Puis elle obtient brillamment la médaille de bronze. Mais l’éclat n’est pas le bon. Elle ne brillera plus pendant 3 ans, hormis une étincelle aux Mondiaux 2013 (3e).

 

« L’état d’esprit va faire la différence »

 

La Flamme olympique s’allume. Gévrise Emane s’éveille de nouveau. Elle a (re)bondi pour mieux surgir sur les tapis de Rio. C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter. A 34 ans (le 27 juillet), Gévrise Emane n’aura pas une nouvelle occasion de remporter l’unique médaille d’or qui manque à son immense palmarès.

Pour y parvenir, elle devra bousculer le ranking mondial. Classée n°3 des -70 kg derrière la Néerlandaise Kim Polling, triple championne d’Europe (2013, 2014, 2015), et la Cubaine Yuri Alvear, triple championne du monde (2011, 2013, 2014). Mais elle sait faire et elle est bien réveillée…

 

Comment vois-tu ton 5e titre de championne d’Europe ? Comme une confirmation de ton travail, un encouragement pour Rio, un soulagement… ?

C’est un peu tout cela à la fois. C’est une confirmation du travail accompli, mais surtout de l’état d’esprit dans lequel je suis actuellement. Et cela représente beaucoup d’espoirs pour Rio (elle rit).

 

Qu’est-ce qui peut faire la différence aux Jeux ?

L’état d’esprit. C’est vraiment cela qui va faire la différence.

 

Qui crains-tu le plus ? Toi-même ? 

(Sans hésitation) Moi-même. Parce que je me suis déjà portée préjudice (elle rit). Je sais que c’est moi qui me mets toute seule dans des situations plus que périlleuses.

 

« Des périodes « d’un peu moins bien »

 

Tu as déclaré avoir envie de mettre un grain de folie aux Jeux. Qu’entends-tu par là ?

J’entends ne pas trop réfléchir. Mettre un grain de folie signifie laisser parler mon envie, mon envie de faire tomber, mon envie de gagner, mon envie de faire du Judo. Pas de calcul.

 

As-tu douté cette année ?

Oui, un peu. En fait, je ne sais pas si c’est vraiment douter, c’était plutôt des périodes « d’un peu moins bien », où je réfléchis un peu trop. Ce sont juste des périodes où je me pose des questions. Mais cela me permet d’avancer aussi. C’est bien (elle rit).

 

On parle de l’expérience en sport. Qu’est-ce que c’est, pour toi, avoir de l’expérience ?

Je définirais l’expérience comme la capacité à se servir des événements passés pour prendre de la distance avec les événements présents.

 

« Au bout de moi-même et advienne que pourra »

 

Qu’est-ce qui te fait encore avancer ?

L’envie, le désir du travail bien accompli et, surtout, cette volonté d’être en accord avec moi-même. Je ne pourrais pas, je ne peux pas, arrêter ma carrière sans avoir cette sensation de donner le maximum. C’est cela qui me donne envie, notamment dans cette quête olympique. Après, peu importe ce qui va se passer le 10 août prochain. Ce qui me fait avancer, c’est d’avoir ce sentiment, cette sensation, d’avoir été jusqu’au bout de moi-même, d’avoir tout donné et, après, advienne que pourra.

 

Qu’apprécies-tu particulièrement dans le Judo ?

Ce que j’aime dans le Judo, c’est le fait que tout le monde y trouve son compte. Il y a un panel technique énorme. Les gens ont des gabarits différents. Tout le monde peut réussir, peu importe le style de Judo, peu importe que l’on soit grand ou petit, trapu, plus élancé… On peut y arriver. Ca, c’est vraiment génial !

J’aime aussi cette possibilité de battre des personnes plus hautes gradées que soi. Je me souviens, quand j’étais ceinture orange, je battais des ceintures marrons. Magnifique ! C’était très plaisant ! (elle rit)

 

Est-ce également une façon de dominer l’espace, de maîtriser son corps ?

Bien sûr. Il y a plein de paramètres à contrôler, à maîtriser. Pour être performant, il faut savoir se canaliser. On ne peut pas faire tout et n’importe quoi. Ce n’est pas possible. Cela peut fonctionner un temps, mais si on veut faire du très haut niveau, ce n’est pas possible.

 

« Mettre du rythme dès le début »

 

Sport ou art martial ?

Question difficile… Plus on avance dans la pratique, plus art martial et sport se rapprochent. Le Judo est une activité dans laquelle l’être humain se développe. Dans le sport, c’est plutôt le côté combattant. Dans l’art martial, on cherche plus à atteindre la sagesse. J’ai l’impression que, plus on avance dans la pratique sportive à très haut niveau, plus on va arriver à se canaliser et à se rapprocher de l’art martial Judo.

 

Quel est le contenu de ton travail ?

J’effectue un travail technique depuis des années et je continue à le faire. On travaille spécifiquement mes points forts, les techniques qui fonctionnent bien. On améliore ce qui pêche un peu, afin d’arriver au top à Rio. C’est un mixe.

C’est à la fois un travail technique très minutieux et, aussi, un travail plus axé sur le combat en lui-même, où il faut que je mette du rythme dès le début du combat, que j’attaque en premier. Après, on verra ce qui va se passer durant le match.

 

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