Frank De Wit : « J’aime prendre des risques »

Publié le : 02/03/2017 16:51:34
Catégories : Actualités , judo

Frank De Wit : « J’aime prendre des risques »

Retenez bien ce nom : Frank De Wit, 21 ans dont 16 de Judo, vice-champion du monde Junior en 2014, champion du monde et d’Europe Junior en 2015 et, depuis février 2017, vainqueur du Grand Slam de Paris organisé par la FF Judo.

Avec lui, l’école néerlandaise n’a certainement pas dit son dernier mot. Frank De Wit s’inscrit dans la lignée des Guillaume Elmont et Maarten Arens, ses illustres prédécesseurs en -81 kg. Et si c’était la star en devenir de la catégorie ? Affaire à suivre…

 

Par Ludovic Mauchien

 

N’oublions jamais que le 1er Occidental à battre un Judoka japonais était Néerlandais. Les Pays-Bas ont en effet toujours eu une haute approche des sports de combat, qu’ils ont même transformé en culture au fil des décennies. Karaté, Kyokushinkaï, Kick-Boxing, Muay Thaï et Judo, bien sûr… Du haut vol au plat pays.

Anton Geesink (1934-2010) fut le premier mais surtout pas le dernier. Il a inspiré nombre de combattants bataves. Wim Ruska, Mark Huizinga, Guillaume Elmont, Kim Polling, Henk Grol… Pour ne citer qu’eux.

Le Grand Slam de Paris 2017 (11-12 février) a donné naissance au petit dernier de la lignée. Frank De Wit, 21 ans, champion du monde et champion d’Europe Junior en 2015, s’est adjugé le prestigieux tournoi organisé par la FF Judo en -81 kg, le 1er de sa carrière, après ses 3es places à Paris en 2015 et Abu Dhabi en 2016.

Il a non seulement gagné mais il a également frappé les esprits par son Judo enlevé et fougueux. Une marque de fabrique qui est tout autant son point fort que sa relative faiblesse.

A Rio, Frank De Wit (1,84 m) s’est d’ailleurs incliné dès le 1er tour des JO contre le Bulgare Ivanov. Il a cerné le problème. Il a identifié ses axes de progression. Il est prêt pour viser les plus hauts sommets…

 

« Avant un match, je ne stresse jamais »

 

Tu viens de gagner le 1er grand tournoi international de ta carrière, le Grand Slam de Paris. Que ressens-tu ? 

C’est fabuleux ! C’est quelque chose d’indescriptible. J’ai reçu plein de messages de félicitations venant des Pays-Bas. Seuls de très grands champions néerlandais ont gagné à Paris, à commencer par mon entraîneur, Maarten Arens, qui combattait comme moi en -81 kg. Guillaume Elmont aussi, qui a été champion du monde (en 2005), l’a emporté 2 fois à Paris.

 

Y a-t-il un avant et un après Paris 2017 ? Cette victoire va-t-elle changé quelque chose dans ton esprit ?

Je ne pense pas car je suis toujours très confiant sur mes possibilités. Mais peut-être que mes adversaires vont désormais cogiter un peu plus avant de m’affronter.

 

Quel est ton point fort selon toi ? Ton mental, ta technique, ta condition physique ? 

Mentalement, je pense être très fort. Avant un match, je ne stresse jamais. Je veux juste aller combattre. Je suis très concentré sur mes matches, sur ce que je dois faire pendant mes combats, parce que je suis très relâché à chaque fois que j’aborde une compétition. C’est un de mes gros points forts.

 

« Je veux mettre Ippon à chaque fois »

 

Quand tu pénètres sur le tatami, penses-tu à chaque fois à marquer un Ippon ? 

Oui, je veux mettre Ippon à chaque fois. Déjà parce que c’est le moyen le plus simple de gagner un tournoi (il rit).

Mais c’est aussi l’une de mes faiblesses. Mes enchaînements, mes techniques ne sont pas toujours très bonnes car je n’écoute pas toujours mon coach. Je pense à chaque fois que je peux maîtriser mon adversaire et lui mettre Ippon. Mais je me fais parfois contrer et je perds le combat. En tout cas, je dispute toujours une compétition avec l’idée de gagner par Ippon.

 

Pour continuer à gagner, penses-tu que tu vas devoir mieux écouter ton coach ?

C’est certainement la principale chose que je dois apprendre. Si on veut gagner des médailles à différents niveaux, il faut mesurer le danger quand on lance son mouvement. Si on démarre trop tôt, on se fait contrer. Et, ensuite, c’est très compliqué de revenir au score. C’est certainement sur ce point que je dois le plus progresser.

 

Quel est ton principal objectif pour 2017 ?

En 1er lieu, mon objectif était d’intégrer le Top 10 du ranking mondial. J’y suis parvenu. Je suis désormais 4e (après le Grand-Prix de Düsseldorf). Dorénavant, je vais m’atteler à être régulier dans mes performances, à gagner beaucoup de médailles dans les tournois IJF et, peut-être, aux Championnats d’Europe et du monde.

 

« En Judo, je m’éclate à chaque instant »

Si je te dis Tokyo 2020, que cela t’évoque-t-il ?

C’est très loin dans le temps. Tout peut arriver d’ici là. Je ne suis pas le genre de personne à vivre dans le futur. Je pense d’abord à mon prochain tournoi. Mais, évidemment, je veux disputer les Jeux Olympiques et remporter une médaille.

Si je parviens à monter sur le podium aux Championnats d’Europe ou aux Mondiaux, je pourrais alors dire que je vise une médaille olympique. Mais, pour le moment, j’ai juste gagné Paris. Ce n’est que ma 1ère grande victoire. Je dois donc déjà commencer par gagner d’autres tournois avant de parler des Jeux Olympiques.

 

Quand est-ce que tu t’éclates en Judo ?

Tout le temps ! Je m’éclate à chaque instant. J’aime faire du Judo, j’aime projeter les gens, j’aime prendre des risques en compétition. Mon entraîneur n’est d’ailleurs pas très content à ce propos (il rit). J’aime aussi l’ambiance. Tout le monde respecte l’autre. Je ne crois pas que vous trouviez cela dans beaucoup de sports autre que le Judo.

 

Préfères-tu le combat debout ou le Ne Waza ?

Combattre debout, sans hésitation ! Je travaille mon Ne Waza mais combattre debout est nettement mieux pour moi.

 

« Ne pas avoir peur d’enclencher un mouvement »

 

Quelle est ta technique favorite ? Et pourquoi ? 

Ma technique favorite est le Ko Soto Gake. Tout simplement parce que c’est celle que je maîtrise le mieux (il rit). Cela étant, j’essaie de développer d’autres techniques. Je viens juste de commencer à en travailler certaines. Les 3-4 semaines qui ont précédé le tournoi de Paris, j’ai travaillé une nouvelle projection. Je l’ai tentée 3 ou 4 fois. C’est marrant de passer une technique que tu viens juste de commencer à travailler.

 

Comment ton entraînement est-il programmé ?

Aux Pays-Bas, nous venons de connaître de grands changements dans l’organisation. Désormais, tout le monde est regroupé dans un seul lieu, comme en France, à l’institut national des sports (à Arnhem). C’est une révolution. Tous les athlètes ne sont pas contents de cela mais, moi, je suis très satisfait.

Je trouve est préférable de s’entraîner quotidiennement avec les meilleurs adversaires possibles. Nous ne sommes pas un grand pays. Nous n’avons 200 Judokas de très bon niveau comme en France.

Par conséquent, je m’entraîne tous les jours. Généralement, la séance du matin est consacrée à la préparation physique, tandis que celles de l’après-midi et du soir sont orientées Judo.

 

Quel serait ton conseil à un adolescent qui rêve de devenir un champion ?

N’aie pas peur d’enclencher un mouvement. Quand on est jeune, il faut travailler et développer ses projections. Si l’on a toujours peur de s’engager, on ne développera jamais une bonne projection et on ne gagnera jamais une compétition.

 

« J’aime m’entraîner dur »

 

Que représente le Judo pour toi ? 

Le Judo est mon activité quotidienne parce que je veux que ce soit ainsi. J’ai commencé à pratiquer à l’âge de 5 ans car mon frère aîné en faisait, ma grande soeur aussi. Elle a d’ailleurs disputé des Coupes et des Championnats d’Europe en Junior. Mais, aujourd’hui, je suis le seul à continuer le Judo.

 

Pourquoi le Judo et non le Karaté ou le Taekwondo par exemple ?

Tout simplement parce que le club de Judo était à côté de notre maison. Mon frère était un enfant assez timide et mes parents l’ont inscrit pour qu’il acquiert de la confiance.

Je le regardais faire du Judo. Moi, j’étais plutôt un enfant très actif et je voulais pratiquer plein de sports. J’ai donc commencé par le Judo. Je faisais aussi du foot mais je ne suis pas un très joueur d’équipe (il rit). C’était mieux que je poursuive dans le sport individuel.

 

Quels sont tes hobbies en dehors du Judo ?

J’aime passer du temps avec mes amis, aller en ville manger un morceau, regarder des films… Que des choses ordinaires. Je ne suis pas si différent d’une autre personne de 20 ans. La seule différence est que j’aime faire du Judo et que j’aime m’entraîner dur.

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