Boxe / Mathieu Bauderlique : « Je vise l’or, bien sûr »

Publié le : 26/07/2016 15:56:58
Catégories : Actualités , Boxe

Boxe / Mathieu Bauderlique : « Je vise l’or, bien sûr »

Il avait manqué les JO 2012 et était passé pro. Il avait fait une croix sur son rêve de môme. Puis l’APB a été créé. Puis les pros ont été autorisés à disputer les JO, pour la 1ère fois de l’histoire.

Mathieu Bauderlique ne pouvait pas laisser passer cette nouvelle chance. Il l’a magnifiquement saisie ! En septembre 2015, il s’empare du titre mondial (81 kg). En août 2016, le Français combattra à Rio en n°1 mondial, en homme à battre…

Par Ludovic Mauchien

 

16 combats pro, 15 victoires, 9 KO. Ca, c’était avant. Depuis un an, Mathieu Bauderlique (1,85 m) est repassé au format amateur. Objectif Rio ! En s’octroyant le droit de disputer la finale mondiale des -81 kg de l’APB (AIBA Pro Boxing) en juillet 2015, il se qualifiait par là-même pour les Jeux Olympiques.

Il ne s’arrêta d’ailleurs pas en si bon chemin. Après avoir dominé l’Irlandais Ward en ¼ de finale puis le Bulgare Genov en ½, le Français détrônait l’Iranien Ehsan Rouzbahari et devenait champion du monde APB des 81 kg en septembre 2015. Trois combattants qu’il va croiser à Rio. Le seul à l’avoir dominé est l’Iranien en 2014. Pourquoi pas une belle en finale des Jeux ?

 

Pourquoi as-tu choisi de pratiquer la Boxe ?

Il semblerait que je sois tombé dans la marmite étant petit. Mon père est un ancien boxeur. Il a été amateur. Il n’a pas fait une longue carrière, juste quelques combats. Il m’emmenait déjà à la boxe dans le couffin. On peut dire que j’ai baigné dedans !

 

As-tu tout de même essayé d’autres sports ?

J’ai touché à un peu à tout. J’ai fait du Judo, de l’athlétisme, du pieds-poings, du Full-contact précisément. J’ai pratiqué pendant 2 ans mais je n’ai pas fait pas de compétition. Le Judo, j’en ai fait assez longtemps, d’abord petit puis de 11 à 14 ans. Je suis ceinture verte.

 

« Compliqué de revenir au format amateur »

 

Quels sont tes modèles en Boxe ?

J’en ai pas mal… Marvin Hagler. J’aime beaucoup son style. Et, comme tout le monde, Muhammed Ali et Mike Tyson.

 

Quelles sont tes ambitions à Rio ?

Je vise l’or, bien sûr. Mais cela va être un tournoi très compliqué. Je n’ai pas boxé dans des tournois internationaux amateurs depuis 2011. Mais je pars confiant. Je pars champion olympique, même si cela fait 5 ans que je bastonne en boxe professionnelle et que c’est compliqué de revenir dans le format amateur.

 

Quel a été ton programme pour te « reformater » à la boxe amateur ?

Depuis le mois de janvier, on a participé à différents stages internationaux. J’ai réintégré l’équipe de France, je suis la préparation mise en place.

Je m’entraîne 4 jours par semaine, équivalent à 25-28 h d’entraînement hebdomadaire. On fait du foncier pour travailler le cardio, on travaille l’explosivité en muscu. On fait beaucoup d’assauts à thème, du sparring.

 

Qu’as-tu travaillé en priorité ? 

Le rythme et le débit de coups en amateur sont complètement différents par rapport à ce que l’on fait en professionnel. C’est beaucoup plus intense mais plus court. On pourrait comparer à une course de fond et à du sprint. Il y a moins d’observation, plus de rythme. J’ai donc dû effectuer un énorme travail d’adaptation.

 

« C’était un rêve d’enfant… »

 

Ressens-tu les mêmes sensations aujourd’hui que celles que tu avais avant de passer pro ?

Je commence à retrouver mes sensations. Il me reste un bon mois. J’ai encore pas mal de choses à travailler. Cela sera suffisant, même si ce n’est pas partie gagnée à l’avance. Mais la Ferrari sera en état de marche lors des JO (il rit).

Nous finissons la préparation par un stage de 15 jours aux Etats-Unis, en altitude. Puis, nous effectuons un stage de cohésion au GIGN pendant 3-4 jours. Et, enfin, nous allons en Italie du 20 au 27 juillet, juste avant de partir pour Rio.

 

Tu avais fait une croix sur les Jeux en passant pro. Tu dois bénir la création de l’APB (AIBA Pro Boxing) en 2014…

C’est vrai que j’avais complètement mis de côté les Jeux. C’était un rêve d’enfant… Je ne pensais pas que la chance se renouvellerait une 2e fois. C’est l’aboutissement d’un travail acharné.

Cela m’a été permis avec la création de l’APB, qui est une petite révolution dans le monde de la boxe (tournoi professionnel créé et géré par la fédération internationale, l’AIBA). J’ai intégré ce circuit pro parce qu’être pro en France ne permet pas de vivre. Avec l’APB, je suis convenablement payé. Je suis traité comme un vrai pro, mon entourage aussi.

 

« On ne craint personne »

 

Comment le tournoi est-il organisé ?

J’ai un calendrier défini à l’avance. On combat toute l’année. Un classement des meilleurs mondiaux est établi. On doit gravir les échelons pour disputer le titre mondial. Quand on est n°2, on devient le challenger et on peut avoir la chance d’effectuer le championnat du monde. Et quand j’ai appris qu’atteindre la finale me permettait de me qualifier pour les JO…

 

Tu es devenu champion du monde en détrônant l’Iranien Ehsan Rouzbahari, en septembre 2015 (arrêt de l’arbitre, 8e round), qui t’a infligé ton unique défaite en pro. Penses-tu à la « belle » à Rio ?

C’est un adversaire parmi d’autres. J’ai aussi battu d’autres boxeurs qualifiés. Je pense à l’Irlandais Joseph Ward, vice-champion du monde et champion d’Europe amateur, que j’ai battu avant la limite. C’est le n°4 de notre catégorie. Les deux sont des boxeurs à ne pas négliger à Rio.

 

Qui crains-tu le plus ? 

A ce niveau, on ne craint personne. Je me crains plus moi-même, sur les difficultés à revenir dans un tournoi amateur, à retrouver les bonnes sensations. Il y a des têtes de série (il est le n°1 mondial) mais pour être le meilleur, il faut battre les meilleurs.

 

« Se faire plaisir avant tout »

 

Si je te dis Rio…

Je pense à un gros événement, avec beaucoup de joie, beaucoup de couleurs, surtout les françaises (il rit). Je suis très patriote. Et je suis très fier de représenter la France aux Jeux Olympiques. C’est une fierté, vraiment. C’est quelque chose de fantastique.

 

En pro, tu comptes 9 victoires avant la limite (en 16 combats). Quand tu montes sur un ring, recherches-tu toujours le KO ?

Pas vraiment, en fait. Je cherche plus à détruire mon adversaire que le KO. En pro, on agit sur du plus long terme (6 ou 8 rounds). De toute façon, en boxe, le KO vient tout seul. Mais il va falloir que je mette ça de côté pour les Jeux Olympiques où c’est une boxe au pointage.

 

Hors boxe, qu’apprécies-tu ?

J’aime profiter de la famille à fond. J’aime bien manger (il rit). Je n’ai plus de problèmes avec le poids. J’en avais d’énormes quand j’étais en -75 kg, la catégorie inférieure. C’est pour cela que j’ai quitté l’équipe de France en 2011. En 2012, j’ai changé de caté et je me sens très bien en 81 kg.

 

Quel conseil donnerais-tu à un boxeur en herbe ?

Se faire plaisir avant tout. La boxe est un sport extraordinaire où l’on apprend à se connaître et à dépasser ses limites. Cela canalise énormément. La boxe de brutes des années 80 a évolué. Aujourd’hui, la boxe est complètement différente.

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