Publié le :
25/08/2017 16:36:52
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C’est en double championne d’Europe en titre et médaillée d’argent olympique qu’Audrey Tcheuméo aborde ses 6e Championnats du monde personnels (28 août-3 septembre à Budapest).
A 27 ans, la triple médaillée mondiale est, comme d’habitude, l’une des grandes chances de médaille de la FFJudo. Comme d’habitude, elle ne sera certainement pas à 100%. Mais la championne du monde 2011 (-78 kg) en a vu d’autres. Par deux fois, en même circonstance (Mondial 2013, JO 2016), la Française est revenue avec une médaille…
Par Ludovic Mauchien
Elle se surprend elle-même. Elle ne se voyait pas aussi forte dès 2017. Tokyo 2020, c’est encore loin ! Peut-être est-ce sa nouvelle approche mentale, qui vise à la détacher des choses ? Peut-être est-ce le nouvel encadrement de l’équipe de France (arrivée de Lucie Decosse comme entraîneur) ? Toujours est-il qu’Audrey Tcheuméo ne connaît pas la crise en cette année post-olympique.
En février, la Française remporte son 3e Grand Slam de Paris, comme en 2011 quand elle a été sacrée championne du monde, comme en 2015 quand elle a remporté une médaille de bronze mondiale.
En avril, elle devient championne d’Europe pour la 4e fois, après 2011, 2014 et 2016, en dominant, en ½ finale et finale, la Hongroise Joo et la Néerlandaise Steenhuis, qu’elle va retrouver sur son chemin à Budapest. Son unique défaite de l’année est survenue en finale de la World Cup à Bucarest début juin, face à l’Autrichienne Graf. Elle était alors en phase de reprise.
La membre de la Team Adidas, qui s’est blessée au genou à l’entraînement le 22 août, soit 10 jours avant de combattre (le 1er septembre), est « tranquille » avant ces Championnats du monde qui se déroulent à Budapest du 28 août au 3 septembre.
Comment vas-tu ?
Ca va, ça va, tranquille. Je me suis fait un petit bobo hier à l’entraînement au genou droit (lire mardi 22 août). Bon, j’ai l’habitude de me blesser avant chaque compétition. Maintenant, je sais comment cela marche. Je n’y pense pas. De toute façon, je n’ai rien à perdre et tout à gagner. Donc, on y va comme ça, tranquille.
Tranquille ?!
J’ai fait pire. Par exemple, aux Mondiaux de Rio en 2013, quand je me suis fait un latéral. Les médecins ne voulaient pas que je combatte. J’ai insisté. Ils ont fait le maximum. J’étais « strappée » et je suis partie à la guerre (médaille de bronze). L’an passé, aux JO, c’était mon dos. A chaque compétition, j’ai un problème. Je ne me prends plus la tête (rires).
Sinon, j’ai fait une très bonne préparation, vraiment nickel. J’ai été sérieuse dans la prépa, sérieuse aux entraînements. Tout s’est bien passé.
Ton titre de championne d’Europe en avril dernier t’a-t-il conforté dans ton approche ?
Quand même. C’est une année post-olympique. Je ne pensais pas que j’allais arriver directement au top. En Février, je gagne Paris. Déjà, je me dis : « ouah ! p… ! ». En fait, c’est quand je m’en fous que tout passe. En gros, c’est ça ! (elle sourit) Là, je vais partir tranquille à Budapest. C’est juste un an après les Jeux. Je ne vais pas me prendre la tête.
Comment sens-tu ces Championnats du monde ? Tu n’as pas gagné depuis 2011…
Avant je disais que je n’avais pas gagné depuis longtemps et que je voulais absolument ce titre. Mais, depuis que je suis avec un coach mental, je vois les choses autrement. C’est certain que j’ai envie de gagner mais je pars avec l’esprit tranquille. Je n’y vais pas pour prouver aux gens. Il n’y a pas de « prouver à untel », « prouver ci ou ça », « prouver que « Tchoum » peut… ». Je ferai ce que j’ai à faire et on verra si ça passe ou si ça casse.
Depuis combien de temps travailles-tu avec un coach mental ?
C’est la 2e saison. Je sens vraiment la différence. C’est un travail qui me fait du bien. En même temps, il a raison quand il parle. Moi, c’est du style : « ouais, Tcheuméo, il faut que tu gagnes parce que sinon … ». Mais non ! Je n’ai rien à prouver aux gens. Je pense que j’ai déjà prouvé. Désormais, c’est à moi de me faire plaisir. Il faut que je kiffe ! Et je m’en fous si je perds au 1er tour. Il faut que je kiffe avant tout. Il me reste 4 ans, peut-être plus, je ne sais pas. Mais il faut que je profite. Je veux profiter.
Tu ne t’éclatais pas jusqu’à maintenant ?!
Si, si, je kiffais mais je me mettais trop de pression. Désormais, je me fais plaisir. Il le faut ! A l’entraînement, je kiffe grave. Il y a un bon groupe. Il y a un nouveau coach, qui a remplacé Cathy (Fleury).
Tu as été marquée par ce changement d’entraîneur. C’est du passé désormais ?
Oui… C’est du passé. Je m’y suis habituée. Mais Cathy, c’est Cathy (Fleury). Elle est toujours dans un coin de ma tête. La vie est une succession de changements. Il faut l’accepter. Avec Lucie (Decosse), cela me convient aussi. Rien à dire. C’est parfait.
Quelles principales adversaires as-tu identifiées pour ces Championnats du monde ?
Une fois encore, mon principal adversaire, c’est moi-même. Il n’y a pas 10 000 personnes. C’est mon cerveau, c’est mon état d’esprit, c’est dans ma tête. C’est, ça, mon principal adversaire.
Penses-tu être la favorite de ces Championnats du monde ?
Franchement… Non. Il y en a d’autres. Mais je m’en fous. On pense ce que l’on veut. Je ne m’inquiète pas. Car ça, je ne le contrôle pas. Je ne peux pas le gérer donc je laisse parler.
Tu as hâte d’y être ?
Franchement oui, j’ai hâte, malgré ma blessure. Que je puisse enfin partir en vacances, voir mes amis, travailler sur ma marque de vêtement, profiter un peu du soleil et basta. Basta (elle rit) !