Judo en Mongolie / épisode 3 : Lutte, Sambo, Sumo, Judo…

Publié le : 03/06/2016 11:12:51
Catégories : Actualités , judo

Judo en Mongolie / épisode 3 : Lutte, Sambo, Sumo, Judo…

Benoît Campargue
« Il n’y a pas de frontières »

 

Ils nous viennent d’Oulan-Bator et des plaines chères à Gengis Khan. Ils empêchent le monde de tourner en rond. Ce sont les Mongols. 2 champions du monde, 3 athlètes n°1 mondial (15 mai 2016), 10 combattants dans un Top 20.

Dans ce pays, les sports de combat sont rois. Lutte traditionnelle (Bokh), Sambo, Sumo et Judo s’interconnectent. A quel point ? Le Français Benoît Campargue, l’ancien responsable des équipes de France, officie en Mongolie depuis 2013 comme conseiller technique. Il nous éclaire.

Par Ludovic Mauchien

 

Il vit le Judo mongol de l’intérieur. Depuis 2013, Benoît Campargue est le conseiller technique de l’équipe nationale. Il les côtoie au quotidien 15 jours tous les trois mois. Il a appris à connaître leurs spécificités, celles de leur culture et de leur Judo.

 

Quelle culture Judo les Mongols possèdent-ils réellement ?

Je suis assez partagé. Ils ont assurément une culture de la Lutte mongole, qui est très ancrée, et qui le reste pour des raisons économiques. Mais il y a un peu des deux. En Judo, on a un problème au niveau des lourds masculins, à partir de 80 kg. Pourquoi ? Ils font de la Lutte et ils gagnent de l’argent ! On n’en gagne pas forcément avec le Judo. Les Judokas se dirigent donc vers la Lutte. A partir du 3e jour d’un championnat du monde, on sait que l’on a très peu de chance de médailles du fait de cette fuite vers la lutte mongole en catégories lourdes.

Celle-ci a aussi une incidence sur l’aspect tactique. En Lutte, il n’y a pas de temps, pas de pénalité si on n’attaque pas… Alors qu’en Judo, elles tombent très vite ! C’est un gros problème d’ailleurs ! Les athlètes mongols sont assez naïfs sur le plan de l’arbitrage. Ils ont l’habitude de faire des pauses assez longues sans attaquer et cela leur coûte des pénalités.

 

« Leur culture, c’est la Lutte traditionnelle »

 

Techniquement, leur Judo a-t-il absorbé des formes de la Lutte mongole ?

Les deux sont liés. Il n’y a pas de frontières entre les deux. On peut faire des mouvements de Lutte en Judo. Prenons l’exemple de l’Ukrainien Zantaraia, champion du monde en 2009 (2e en 2010, 3e en 2011). Il fait les mêmes techniques que les Mongols et, en même temps, il a un Judo très classique. C’est un mélange des 2 partout dans le monde de toute façon, parce que le Judo est devenu du corps à corps.

Et ils y sont très à l’aise justement grâce à la Lutte. Ce sont de très bons techniciens sauf un, Naidangiin Tuvshinbayar (il rit). Techniquement, il n’est pas terrible mais il est le seul champion olympique qu’ils aient (2008).

« Naidan » pratique très régulièrement la Lutte. Lors de mes séjours, je l’ai accompagné dans des arènes, où il combattait avec la tenue traditionnelle. Il ne le fait pas pour la performance mais parce que cela lui plaît. Chez eux, c’est ancré dans les gènes. Sauf pour les filles, qui ne pratiquent pas.

 

Quasiment tous s’alignent avec succès aux Mondiaux de Sambo. Leur Judo en est-il aussi imprégné ?

Les Judokas enfilent une veste de Sambo pour faire du Sambo. Mais, en réalité, ils n’en font pas ou très occasionnellement. Leur culture du sport de combat, c’est la Lutte traditionnelle. C’est vrai qu’ils ont l’habitude de participer aux Championnats de Sambo. Comme cela, ils remportent des titres de champion du monde.

Le sport qui monte beaucoup en Mongolie, c’est le Sumo. Le meilleur Sumo au monde est Mongol. Un autre est aussi très fort. D’ailleurs, les Japonais ont limité le nombre de Sumo mongols pour ne pas qu’il y en ait trop dans le circuit.

 

Lire aussi :

Episode 1 : Les champions

 

Episode 2 : Benoît Campargue : « J’ai vu des miracles »…

 

 

 

 

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